Une sous-déclaration qui rend les handicaps invisibles
L’Éducation Nationale compte, officiellement, 3,5% de personnels en situation de handicap. Il n’y a pourtant pas moins de personnels en situation de handicap dans nos institutions éducatives que dans la population française. L’estimation de 50% des actifs et actives touché-e-s par une situation de handicap au cours de leur vie, est d’ailleurs régulièrement rappelée. Comment comprendre cette sous-déclaration face à la multiplicité des situations qui devraient pourtant être reconnues comme relevant d’une forme de handicap ?
Une institution inadaptée à la réalité des handicaps
L’inadéquation des mesures mises en place explique sans doute pour partie cette sous-déclaration. Nos collègues sont miné-e-s, lessivé-e-s, épuisé-e-s, révolté-e-s par des conditions de travail inadaptées puisque pensées pour des personnes valides. Les réformes politiques, économiques et managériales sont par ailleurs si inutiles, contre-productives et chronophages qu’elles génèrent une intensification du travail exposant à des risques psycho-sociaux (RPS).
Une obligation permanente de justifier sa situation
Faire reconnaître une situation de handicap par les ministères de l’Éducation Nationale ou de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche relève du parcours du combattant. Pour s’éviter le stress généré par l’établissement d’un dossier, par l’attente d’une décision, par les retards de traitement des dossiers, par les salaires non versés ou amputés, beaucoup de personnes renoncent à leurs droits.
Des mesures à durée limitée, des personnels précarisés
Comme les chômeurs et chômeuses, les personnes en situation de handicap (dont 80% ont un handicap invisible) sont toujours soupçonnées de profiter.
Le handicap comme les pathologies chroniques sont pérennes mais le traitement administratif est ponctuel. Par exemple, les temps partiels thérapeutiques sont renouvelés tous les trois mois par un médecin agréé (qui ne connaît pas le dossier) et peuvent durer seulement une année.
Des aménagements insuffisamment financés
Seuls les aménagements de postes (emploi du temps aménagé, matériels…) peuvent être reconduits (mais pas toujours appliqués). En revanche, ils peuvent parfois générer un transfert de charge de travail sur les collègues, ce qui a pour effet de stigmatiser plus encore les personnes en situation de handicap. Cela peut expliquer un renoncement aux aménagements contribuant à abîmer un peu plus la santé des personnels concernés.
De l’autofinancement du handicap à la précarité
Que se passe-t-il quand les personnels ont épuisé les procédures ponctuelles à leur disposition ? Il ne reste plus que l’autofinancement du handicap, c’est-à-dire le temps partiel de droit pour les personnes bénéficiant d’une RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur·euse Handicapé·e). Une personne travaillant à 50 ou 80% sera payée 50 ou 85,70%. Les personnes atteintes dans leur santé sont ainsi moins payées… car elles ne sont pas valides.
Derrière la communication inclusive, des institutions validistes
Les personnes en temps partiel pour handicap, en plus de perdre une part de leur salaire, voient les indemnités auxquelles elles ont droit réduites d’autant. Cette somme d’économies discriminatoires réalisées sur le dos des personnes handicapées ou malades contribue ainsi à leur précarisation économique mais aussi à les renvoyer une norme validiste : pour bénéficier de leurs droits à 100%, elles ne devraient pas être handicapées ou malades !
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