Face à l’amiante, donnons l’alerte !

Après Libération il y a 4 ans et l'enquête de Vert de Rage diffusée le 4 mars sur France 5, les différents travaux journalistiques qui ont été menés ces dernières années sur la question de l’amiante au sein de l’Éducation nationale mettent en lumière les dysfonctionnements dont l’Éducation nationale et de nombreuses collectivités territoriales sont responsables. Rappelons que l’amiante est un cancérogène sans seuil, c’est à dire qu’une seule fibre peut suffire à rendre gravement malade celui ou celle qui l’ingère ou l’inhale.

D’après un fichier que Libération s’est procuré, la majorité des établissements scolaires construits avant 1997 contiennent des fibres toxiques. Entrez le nom de votre ville, école, collège ou lycée pour savoir si un diagnostic amiante a été effectué.

https://www.liberation.fr/apps/2020/02/amiante-ecoles/

L'amiante dans l'éducation nationale en chiffres:
  • 85% des écoles et établissements scolaires construits avant 1997, date de l'interdiction de l'amiante en France et sont donc concernés par ce risque.
  • Seulement 70% des écoles et établissements ont un Dossier Technique Amiante (DTA), document pourtant obligatoire, et 40% d’entre eux ne sont pas à jour.
  • Pour les DTA réalisés, 80% de lycées professionnels, 77% des lycées généraux et technologiques, 73 % des collèges et 38 % des écoles contiennent toujours de l'amiante
Près de 30 ans après son interdiction, l’amiante n’en finit plus d’être un scandale sanitaire au sein de l’Éducation nationale. C’est encore pire dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche où nous n’avons aucune donnée et où pourtant les travaux dans de vieux bâtiments se multiplient et où le précédent
de la tour de Jussieu est encore dans toutes les têtes.
LA CAMPAGNE DE SUD éducation

C’est la raison pour laquelle SUD éducation a lancé depuis l’automne dernier une vaste campagne de lutte contre l’amiante dans les locaux de l’Éducation nationale et l’Enseignement supérieur. Celle-ci se traduit sur le terrain par l’organisation de nombreuses formations syndicales et de réunions d’information et de sensibilisation des personnels, par l’outillage de nos collègues afin qu’ils et elles puissent être vigilant·es et se protéger, par la collecte des DTA auprès de l’Éducation Nationale et des collectivités territoriales ainsi que l’interpellation de l’administration de l’Éducation nationale à toutes les échelles.

Ainsi SUD éducation revendique :

  • la mise à disposition des documents prévus par la loi aux usagers et usagères, aux personnels et aux organisations syndicales ;
  • la mise à jour immédiate des dossiers techniques amiante avec des diagnostics de qualité, et le respect du cadre réglementaire pour tous travaux ;
  • le suivi médical pour l’ensemble des élèves, étudiant·es et personnels exposé·es, et l’établissement de fiches d’exposition pour toutes les personnes concernées ;
  • la mise sous abri des élèves, étudiant·es, personnels dans des locaux provisoires de qualité, à l'écart des travaux ;
  • la formation effective au risque amiante de tous les personnels ;
  • la mise à l’ordre du jour dans les meilleurs délais du dossier amiante dans les instances santé sécurité et conditions de travail des académies et des établissements du supérieur ;
  • la révision des normes en matière d’amiante, l’utilisation de nouvelles techniques de mesures de la présence d’amiante et l’abaissement des seuils.

Enfin et parce que tant qu’il sera présent dans les locaux de l’Éducation nationale l’amiante sera toujours un danger, SUD éducation demande la mise en place d’un plan national de désamiantage total des établissements scolaires et universitaires.

Ensemble, Réagissons et donnons l'alerte

 

Face à cet enjeu de santé publique, le pire serait de ne rien faire.

Notre employeur est responsable de la santé et de la sécurité au travail (Article L4121-1). Pourtant aucun plan n’est prévu dans l’Éducation Nationale qui ne se saisit pas du problème.

Où le trouve-t-on ? 

  • Dans les bâtis construits avant 1997 (date de l’interdiction de l’amiante)
  • Dans les faux-plafonds,
  • Dans les sols
  • Dans les murs
  • Dans beaucoup de matériaux composites
  • Bref : potentiellement un peu partout

Quelles conséquences ? 

  • En cas d’inhalation ou d’ingestion :
  • Cancers de la plèvre (mésothéliome : taux de survie après 5 ans de 7 %), des poumons, des voies respiratoires, des ovaires, vessie, etc.

Que faire ? 

  • Demander à obtenir le DTA (Dossier Technique Amiante) de ton établissement. Ce dernier est obligatoire pour tout bâtiment construit avant 1997 et est librement consultable.
  • Être vigilant·e en cas de travaux, même minimes (perçage des surfaces par exemple). Si l’amiante est libérée dans l’air, il reste en suspension 24 heures et peut pénétrer les organismes.
  • Transmettre le DTA au syndicat et aux associations de défense des victimes de l’amiante qui pourront le lire (Lire un DTA.)
  • Compléter le RSST, le DGI et faire suivre ces informations aux instances de la Formation Spécialisée en Santé Sécurité et Conditions de Travail (F3SCT)
  • Faire actualiser le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) qui est un document obligatoire.
  • Demander la mise en place de la signalétique obligatoire (circulaire du 28 juillet 2015) qui permet de signaler la présence de produits et matériaux amiantés.
  • Se procurer une attestation de présence (prouve que l’on travaille dans un lieu amianté) et d’exposition au risque amiante (lorsque l’on pense avoir été exposé.e).
  • Se former : en RIS / HMI / Stage syndical, etc.
  • Prendre contact avec SUD éducation pour se faire accompagner