Déclaration de SUD éducation 44 – CAPD 16 mai

CAPD Recours DE DEMANDES DE temps partiels et MISE EN disponibilité - Notre déclaration liminaire
16 mai 2024

 

Monsieur le Directeur Académique

Mesdames, Messieurs les membres de la CAPD de Loire-Atlantique

Nous souhaitons introduire cette déclaration liminaire avec un message de soutien envers la population gazaouie qui subit une attaque sans précédent de la part de l’État d’Israël. En réponse à ce crime contre l’humanité, des étudiant.es s’organisent et bloquent leur établissement.

Nous dénonçons fermement la répression qui a eu lieu dans les universités de notre pays et notamment à Sciences Po et qui menace gravement la liberté d’expression.

Cela fait plus d’un an que SUD éducation siège dans cette instance, et les constats évoqués dès le départ sont malheureusement toujours valables. Lorsque Gabriel Attal était encore ministre de l’Éducation, SUD éducation l’avait alerté sur le discrédit de la parole publique résultant de la stratégie de communication du gouvernement. Force est de constater que Gabriel Attal, devenu Premier ministre, poursuit son entreprise d’érosion des cadres démocratiques de notre société. Dans l’Éducation nationale, on assiste aux mêmes dérives réactionnaires sur l’autorité ou à la promotion d’une vitrine, celle de l’école inclusive, d’une école de l’écologie ou de la lutte contre le harcèlement, mais sans moyens humains et financiers supplémentaires. Et cela fait la part belle à l’enseignement privé. Le ministère ne va jamais plus loin que de l’affichage de politiques de progrès.

Les réformes engagées par le gouvernement à l’école, celle du Choc des savoirs, ont été largement dénoncées à la fois dans les instances puisque le CSE a émis un avis très majoritairement défavorables à ces textes, mais aussi par les personnels eux-mêmes aussi bien dans les instances que dans la mobilisation. Le ministère de l’Éducation nationale porte la responsabilité de la désorganisation du service public d’éducation et vous Mesdames, Messieurs les représentant.es de l’administration vous en êtes comptables. En Loire-Atlantique, comme dans de nombreux départements, la mobilisation a été forte par les opérations « école et collège désert », les journées de grève, les manifestations parents-personnels. Très vite les personnels de l’éducation ont été soutenus et rejoints dans leur mobilisation par les parents d’élèves et les organisations lycéennes. Preuve en est la publication d’une tribune de parents d’élèves de Nantes dans le journal Mediapart. La journée de manifestations unitaires en Loire-Atlantique, comme partout en France du samedi 25 mai montre que la détermination face au Choc des savoirs est intacte et revendique a contrario un Choc des moyens. Cette unité devrait vous alerter, comme le ministère car pour SUD éducation, on ne transforme pas l’école sans l’adhésion des personnels. Nous continuerons de soutenir les personnels qui refusent de trier les élèves, qui refusent cette école de l’assignation sociale, cette école à deux vitesses, cette distinction enseignement public et enseignement privé financé par l’État qui est une aberration dans notre système éducatif.

Outre les mesures « Choc des savoirs » qui viennent sanctionner la difficulté scolaire, le ministère répond à la commande de Gabriel Attal en lançant un grand chantier sur l’autorité à l’école et met en lumière les idées de la droite conservatrice et de l’extrême droite. Ce sont les élèves des milieux défavorisés qui sont doublement visés. SUD éducation sera aux côtés des professionnels de l’éducation qui refuseront cette politique du tri social. Et le SNU n’est rien d’autre qu’une opération de soumission de la jeunesse.

Pour SUD éducation, l’école est un maillon essentiel d’une société démocratique : elle doit être un lieu d’émancipation individuelle, intellectuelle et sociale dans lequel des enfants se préparent à devenir des adultes. C’est bien à l’institution scolaire qu’il revient de tout mettre en œuvre pour accompagner les enfants vers l’autonomie, vers la régulation de leurs conflits par la parole et vers la compréhension des enjeux de fonctionnement collectif. Tout cela suppose des moyens à la fois financiers et humains.

SUD éducation réclame l’annulation des fermetures de classes où seule la logique des seuils est économique, et revendique l’ouverture de classes pour diminuer les effectifs par classe, une ouverture massive de postes aux concours pour avoir des personnels formés et en nombre suffisant.

Encore une fois comme aujourd’hui, l’administration de l’Éducation nationale fait peser le poids de la nécessité de service sur des collègues accablé.es par leur charge de travail, la conciliation de leur vie personnelle et professionnelle ou par des soucis de santé. Toutes leurs demandes de temps partiel et de disponibilité sont légitimes et à cela s’ajoute la difficulté pour elles et eux d’accepter votre refus.

Ces mêmes collègues qui auraient pu répondre à 80% ou 50% à cette fameuse nécessité de service ne tiendront pas l’année et devront certainement être remplacé.es à 100% pour une période donnée. Ces demandes émanent la plupart du temps d’une situation de souffrance au travail quand il faut être en classe à temps complet, dans des conditions d’exercice et d’accueil dégradées. Nous vous l’avions dit et nous le redisons, ces demandes de temps partiels ne sont pas des caprices de la part de nos collègues. A l’heure où les démissions explosent, où dans chaque salle, des enseignant.es parlent de reconversion car elles et ils souffrent au travail, il est nécessaire de préserver les personnels qui se présentent encore devant une classe.Mais non, à la place, vous préférez leur demander de prendre du recul, face à une décision pourtant violente. Nous le savons, ce jour non travaillé permet aux collègues de prendre soin de leur santé physique ou mentale parfois abimée, de leurs enfants, de préparer la classe, de se reposer tout simplement. Mais sur ces demandes de confort, de convenance comme vous les appelez, priment la nécessité de service et l’organisation pédagogique. Cette organisation pédagogique, ce n’est pas à nos collègues de s’en charger, mais c’est à vous. Nous sommes certes polyvalent.es mais pas au point d’endosser cette charge en plus de tout le reste.
Car le choix qui a été fait, c'est de supprimer 87 postes dans l'académie à la rentrée 2024 et de réduire le budget national de l’éducation de 600 millions d’euros. Mais pas de panique, la solution vous l’avez trouvé. Supprimer les brigades REP + afin qu’elles et ils effectuent des remplacements en classe ordinaire.
 Nous vous rappelons que l’appellation REP + d’un établissement appelle à des obligations de la part de l’académie dont celle de rendre possible les concertations entre enseignant.es.
Car des moyens il y en aurait si les choix du gouvernement étaient de permettre de meilleures conditions de travail à l’ensemble des personnels de la maternelle à l’université et de favoriser un meilleur accompagnement de tous les élèves quels qu’ils soient.
Alors SUD éducation le répète et revendique à nouveau :
- l’ouverture d’un grand chantier prioritairement sur l’école inclusive pour constater objectivement quels blocages empêchent la scolarisation des élèves en situation de handicap.
- un vrai statut de la fonction publique pour les AESH en reconnaissance de leur métier, de leurs compétences et des missions qui leur sont affectées avec une équivalence temps plein. En cohérence avec ce statut, les AESH doivent aussi avoir accès à une formation initiale et continue de qualité
- un recrutement massif d’AESH pour répondre aux besoins des élèves sans mutualisation forcée et hors de la logique néfaste des PIAL
- des formations conjointes enseignant.es, AESH et personnels médico-sociaux
- l’application de la loi concernant la MDPH- la création d’un pôle de remplacement AESH
- l’augmentation des places en instituts spécialisés
- l’augmentation des dispositifs UPE2A et le recrutement massif de personnels formés à l’accueil et à la scolarisation des élèves allophones.

 

Pour défendre les libertés publiques, l’école publique égalitaire, inclusive et émancipatrice à l’écoute des personnels et des élèves, notre détermination à SUD éducation est intacte. La société par le biais de l’école mérite mieux que votre politique. Nous nous mobiliserons dans la rue, dans les établissements scolaires, dans l’unité par la grève, par de grandes manifestations populaires pour faire obstacle à vos projets d’école du tri social et pour gagner des moyens pour une véritable école publique pour toutes et tous.